mercredi 5 juin 2013

Galliano est redescendu sur terre et sonne sincère !

Un mois après Nicolas Ghesquière, John Galliano se confie lui aussi son blackout modesque à la presse, mais contrairement à Ghesquière, Galliano n’a pas voulu taper son poing sur la table en s’affichant en couverture d’un magazine. Attitude beaucoup plus adroite oblige, John Galliano sort du silence dans une interview du Vanity Fair  de juillet 2013 qui aurait pu presque passer inaperçue s’il n’y avait pas eu cette grosse bannière rouge sur la cover. Voici ce qu’il se dit dans l’article en ligne, et surement l'article papier.

«  Je n’ai jamais bu pour être créatif, ou pour faire des recherches. Je n’avais pas besoin de l’alcool pour tout ça. Au début, l’alcool était comme un soutien en dehors de Dior. Ensuite, je commençais à consommer énormément après les défilés. Cela me prenait quelques jours pour m’en remettre, comme tout le monde. Mais avec l’augmentation des collections, les consommations devenaient de plus en plus fréquentes, et je devenais esclave de ça. Puis les médicaments se sont mêlés au problème car je n’arrivais plus à dormir. Puis d’autres médicaments sont apparus car je ne pouvais plus bouger. Je pouvais aussi avoir ces énormes bouteilles d’alcool que les gens obtenaient pour moi facilement. A la fin, je prenais tous les alcools qui me passaient sous la main. Vodka, ou Vodka tonic. Vin, dans l’espoir que ça puisse me faire dormir. C’était absurde. Aujourd’hui, j’ai réussi à stopper les voix. J’avais toutes ces voix dans ma tête, me posant tant de questions, mais pour rien au monde, j’aurais admis être alcoolique. Je pensais pouvoir le contrôler. Ce qui a commencé par être une expression de soi s’est transformée par un masque. Je vivais dans une bulle. Je pouvais être en backstage et avoir une rangée de cinq personnes à mes soins. Une personne pouvait m’avoir une cigarette, une autre un briquet. Je ne savais même pas comment utiliser un guichet automatique bancaire. »


D’après l’article du Vanity Fair, Sidney Toledano, le PDG de Dior, et Bernard Arnault, PDG de LVMH, auraient tenté de raisonner John Galliano, lui disant qu’il allait mourir s’il continuait ainsi. Mais le créateur, ne voulant pas croire à son mal-être,  aurait répondu en enlevant son t-shirt dévoilant son corps travaillé : « Est ce que ça ressemble à un corps d’alcoolique ça ? »

Un retour sur ses propos a bien entendu sa place dans l'entrevue car comme vous le savez tous, son quart d’heure de mauvaise gloire antisémite a été l’élément déclencheur de sa descente au enfer médiatique. Un moment qu’il regrette profondément, où il estime avoir balancé « la pire chose qu’il ait pu dire dans sa vie » à ces deux jeunes femmes. « Quand tout le monde est venu autour de moi me dire que j’avais fait ces choses horribles, je n’arrêtais pas de tourner en rond, me demandant qu’est ce qu’il s’était vraiment passé. Ensuite, mon assistant m’a parlé de la vidéo. Quand je l’ai vue, j’ai vomi. J’avais le sentiment que si je faisais un pas dans la rue, un bus ou un camion m’auraient percuté et je me serais vidé de mon sang. J’étais paralysé de peur. J’ai essayé de savoir pourquoi cette colère était dirigée vers les juifs en particulier. Aujourd’hui  j’ai réalisé que j’étais tellement en colère et si mécontent de moi à cette époque que j’ai juste dit la chose la plus méchante que je pouvais dire sur le coup. »

Quelques minutes avant le défilé John Galliano en mars 2011, pour lequel il a été évincé quelques jours plus tôt, le créateur a eu le droit à un appel de deux minutes et il a choisi de le passer à Bill Gaytten, son ancien bras droit. Il voulait lui spécifier quelle attitude devait avoir les mannequins pour défiler. Et apparemment, l’appel aurait été bref et houleux. « Bill a dit ‘Est ce que tu réalises ce que tu as fait bordel ??’ et j’ai répondu ‘Un peu.’ Mais je ne sais toujours pas. Je ne pouvais pas dire oui. Je ne pouvais pas. Et ce fut les derniers mots que nous avons partagés. C’est quelqu’un que je connais depuis 30 ans. Même aujourd’hui, j’apprends toujours combien de personnes j’ai blessé. » Donc, d’après l’interview, Galliano n’aurait plus de contact avec Gaytten depuis cette conversation téléphonique. Ce qui me paraît étonnant vu le clin d’œil qu’a fait Gaytten à Galliano pendant le défilé Homme S/S12 (en juin 2011) en choisissant de clore le défilé avec deux mannequins « Galliano-look-a-like. »…



Kate Moss a été la première personne a ramené Galliano à la création. Il faut dire que son idée de robe de mariée made by Galliano ne datait pas d’hier. Ils en avaient tous les deux déjà discutés alors que Galliano était toujours chez Dior. « Créer la robe de mariage de Kate m’a sauvé personnellement parce que ça a été comme une thérapie créative. Elle m’a supplié de revenir moi à nouveau. » D’ailleurs, cette dernière raconte : « Quand mon père a donné son discours, il a remercié tout le monde puis il a fait une référence au génie de Galliano, qui avait fait la robe de sa fille. Tout le monde s’est levé et a applaudi. C’était la chose la plus motivante pour Galliano car soudainement, il a réalisé qu’il n’était pas seul. » 

Aujourd’hui, John Galliano est sobre depuis deux ans, est revenu à la création à deux reprises (la robe de mariée de Kate et sa collaboration avec Oscar de la Renta en février dernier), il a suivi un traitement, fait le point dans sa vie et s’est investi dans tout ce qui pouvait toucher à l’histoire des juifs (lectures, rencontres avec les leaders juifs) et a repris contact avec des détaillants dans le milieu de la mode. D’après le magazine, il reste positif à propos du futur, ce qui sous-entend donc un retour à la création.  Re-dessiner sous son nom risque d’être compliqué puisque sa marque éponyme ne lui appartient plus. Il faudrait pour cela qu’Arnault lui pardonne et veuille bien lui redonner sa marque (dont la direction artistique est actuellement signée Bill Gaytten). Autres possibilités pour le couturier en rédemption : créer une nouvelle marque ou être à la direction artistique d’une marque ayant déjà un passé. Rappelons que la place de Mugler est toujours libre... A suivre.

1 commentaire:

  1. Et encore un bon article ! Franchement ça me manquait de ne plus lire du Cee ;)

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